Les relations douteuses de Marine Le Pen
Depuis son élection à la tête du Front National, Marine Le Pen fait tout pour moderniser son image et faire oublier les dérives de son père. Il suffit pourtant de regarder qui l’accompagnait lors de sa visite à Lampedusa pour voir que derrière, rien n’a changé.
La réaction de leader du Parti de Gauche, Jean-Luc Mélenchon, à la publication du sondage du Parisien (donnant Marine Le Pen à 23% d’intentions de vote) avait été sans appel. Il avait alors qualifiée la nouvelle présidente du parti d’extrême droite de « fasciste ». Soucieuse de son image, Marine Le Pen avait aussitôt répliqué en portant plainte contre son détracteur.
Pas les moyens
Cette démarche s’inscrit dans une stratégie de normalisation du Front National qui se présente aujourd’hui comme un parti défendant les valeurs républicaines, tentant de faire oublier les diatribes passées de son fondateur, Jean-Marie Le Pen.
En visitant lundi 14 mars, l’île de Lampedusa, lieu d’arrivée de nombreux migrants en provenance d’Afrique du Nord, Marine Le Pen voulait profiter de son aura médiatique du moment, occuper le terrain et démontrer un certain sens de l’action.
Citée par l’AFP, elle déclara sur place: « J’ai beaucoup de compassion pour vous [les migrants]. Mais l’Europe n’a pas la capacité de vous accueillir, nous n’avons plus les moyens financiers ». Cette communication politique était en tout point prévisible.
L’Europe blanche et chrétienne
Ce qui l’était moins, c’était le nom d’une des personnes qui l’accompagnait. Un certain Mario Borghezio. Très peu connu en France, il l’est bien plus en Italie pour être une des figures de proue du parti anti-immigrés Ligue du Nord. Depuis 2001, il est député européen.
Une de ses caractéristiques est d’avoir un discours beaucoup moins policé que celui de Marine Le Pen, n’hésitant pas à déclarer que l’Europe doit rester « blanche et chrétienne » (voir la vidéo après 1min 30). Son discours ne laisse aucune place au débat quant à ses intentions et ses positions.
Lorsqu’il siège à Bruxelles, il prend régulièrement la parole, comme ce fut le cas quelques temps avant la nomination d’Herman Van Rompuy à la tête du Conseil européen à l’automne 2009. Intervenant devant le Parlement européen, il brandissait la menace de voir une personne issue de société secrète d’influence nommée à ce poste.
Aucun rapprochement ?
Interrogée par les journalistes du blog Droites Extrêmes du Monde à ce sujet, Marine Le Pen a déclaré qu’il ne fallait pas y avoir rapprochement FN/Ligue du Nord.
« Je vais à Lampedusa entre autres avec Mario Borghezio. Je vais rencontrer le maire et la sénatrice, qui est adjointe au maire, qui sont tous deux Ligue du Nord. [Borghezio] est un eurodéputé Ligue du Nord donc pour aller à Lampedusa, c’est normal de s’adresser à lui ».
Un maire (sujet à une enquête pour incitation à la haine raciale) et son adjointe ne seraient donc pas suffisants pour visiter une île de 20km² ?
Surtout que Mario Borghezio était bien loin de ses terres. Il est originaire de Turin dans le nord du pays et une des idées phares de la Ligue du Nord à ses débuts était l’indépendance du nord du pays (la Padanie), ne voulant plus payer pour un sud en retard.
Crédits photos: Le Parlement européen.