Barroso se met au copier-coller
[23 septembre 2013] Ce blog n’a pas été alimenté depuis deux ou trois bail-outs et je pensais encore le garder au frais un moment, mais je ne peux résister à l’envie de partager ma trouvaille du jour.
Par un hasard assez complexe, je suis tombé cet après-midi sur la tribune du président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, parue ce jour dans Le Figaro.
Le quotidien français a profité du lendemain des élections allemandes pour demander à quatre “personnalités” de gribouiller quelques lignes sur les enjeux qui attendent l’Union européenne à l’heure du Merkelisme triomphant.
Le lien vers le texte du Fig, uniquement pour les abonnés.
Prenant mon courage à deux mains [alors que j’étais en congés], je me suis lancé dans cette lecture.
Au bout de deux paragraphes, mon cerveau m’a envoyé un premier signal: “mec, mec, tu trouves pas qu’il y a du déjà vu là ?”.
Je l’ai laissé causer dans le vide, vu le week-end que je lui ai infligé, il y avait de fortes chances pour qu’il divague.
Un paragraphe plus loin, il s’est grave excité: “alerte rouge, tu te souviens le 11 septembre ? Pas 2001, mais y’a deux semaines ?”.
BINGO. Mais c’est bien sûr !
Le texte que j’ai sous les yeux a comme un gout de “discours sur l’état de l’Union”.
Tous les ans en effet, le chef trois plumes de l’exécutif européen se fend d’un long monologue suivi d’une série questions/réponses face aux députés européens où il tente d’élaborer une vision de la situation et de ce qu’il entend faire dans les mois à venir. Du sérieux quoi.
Celui de 2013 a eu lieu le mercredi 11 septembre à 9h.
Bref, en moins de deux, je me suis mis à comparer pour être bien sûr. Voici le résultat [les parties entre crochets et colorées sont les morceaux issus du discours].
Ma-gni-fi-que [je sais, j’ai toujours été très fort en coloriage].
On doit bien taper dans les 90% de copier-coller là.
José vient de pulvériser le record et d’inventer par la même occasion d’#europlagiat. Recycler son discours sur l’état de l’Union à l’occasion d’une tribune post élections allemandes, fallait y penser.
Ca fait un moment que je m’amuse à traquer l’#euroblabla, mais là, ça dépasse toutes mes espérances. C’est presque une larme qui a coulé le long de mon visage lorsque j’ai découvert le pot aux roses [je me suis vite ressaisi en écrivant ce billet].
J’ai décidé d’ailleurs de dénommer ce chef d’oeuvre, “le Graal de l’euroblabla”.
Ca démontre bien à quel point le contenu de ce genre de discours veut tout et rien dire, qu’il est prémâché et qu’il peut être servi à toutes les sauces.
Quand dans ce même magma de mots, l’ancien Premier ministre portugais t’annonce qu’il voit dans l’Europe un “projet politique”, que les élections doivent être l’occasion d’un réel débat sur l’avenir de l’UE, ben, tu te marres.
Une consoeur qui suit aussi les affaires européennes et à qui j’ai montré ma trouvaille m’a répondu: “ça ne m’étonne même pas. De toute façon, on sait très bien que Barroso n’a que ça à dire”.
BIM. Simple, direct et efficace.
Alors bon, je sais qu’on doit être 12 journalistes répartis sur 28 pays à suivre les discours de Barroso, mais quand même, il pourrait encore faire semblant d’y croire encore pour les huits mois qui lui reste à tirer. Ca ne changerait pas énormément des neuf années qui viennent de s’écouler.